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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE III.


RAPHAËL a dit que Rome moderne était presqu’en entier bâtie avec les débris de Rome ancienne ; et il est certain qu’on n’y peut faire un pas sans être frappé de quelques restes de l’antiquité. L’on aperçoit les murs éternels, selon l’expression de Pline, à travers l’ouvrage des derniers siècles ; les édifices de Rome portent presque tous une empreinte historique ; on y peut remarquer, pour ainsi dire, la physionomie des âges. Depuis les Étrusques jusqu’à nos jours, depuis ces peuples plus anciens que les Romains mêmes, et qui ressemblent aux Égyptiens par la solidité de leurs travaux et la bizarrerie de leurs dessins, depuis ces peuples jusqu’au chevalier Bernin, cet artiste maniéré, comme les poëtes italiens du dix-septième siècle, on peut observer l’esprit humain à Rome dans les différens caractères des arts, des édifices et des ruines. Le moyen âge et le siècle brillant des Médicis reparaissent à nos yeux par leurs œuvres, et cette étude du passé dans les objets présens à nos re-