RAPHAËL a dit que Rome moderne était
presqu’en entier bâtie avec les débris de Rome
ancienne ; et il est certain qu’on n’y peut faire
un pas sans être frappé de quelques restes de
l’antiquité. L’on aperçoit les murs éternels, selon
l’expression de Pline, à travers l’ouvrage des
derniers siècles ; les édifices de Rome portent
presque tous une empreinte historique ; on y
peut remarquer, pour ainsi dire, la physionomie
des âges. Depuis les Étrusques jusqu’à nos jours,
depuis ces peuples plus anciens que les Romains
mêmes, et qui ressemblent aux Égyptiens par
la solidité de leurs travaux et la bizarrerie de
leurs dessins, depuis ces peuples jusqu’au chevalier
Bernin, cet artiste maniéré, comme les
poëtes italiens du dix-septième siècle, on peut
observer l’esprit humain à Rome dans les différens
caractères des arts, des édifices et des ruines. Le
moyen âge et le siècle brillant des Médicis reparaissent
à nos yeux par leurs œuvres, et cette
étude du passé dans les objets présens à nos re-