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CORINNE OU L’ITALIE

pouvez l’amener ici. — Oswald regarda fixement Corinne à ces mots ; elle baissa les yeux et se tut. Lord Nelvil lui répondit : — Je ferai ce que vous m’ordonnez, et il partit.

Rentré chez lui il s’épuisait en conjectures sur les secrets de Corinne, il lui paraissait évident qu’elle avait passé beaucoup de temps en Angleterre, et que son nom et sa famille devaient y être connus. Mais quel motif les lui faisait cacher, et pourquoi avait-elle quitté l’Angleterre si elle y avait été établie ? Ces diverses questions agitaient extrêmement le cœur d’Oswald, il était convaincu que rien de mal ne pouvait être découvert dans la vie de Corinne ; mais il craignait une combinaison de circonstances qui pût la rendre coupable aux yeux des autres, et ce qu’il redoutait le plus pour elle, c’était la désapprobation de l’Angleterre. Il se sentait fort contre celle de tout autre pays ; mais le souvenir de son père était si intimement uni dans sa pensée avec sa patrie, que ces deux sentimens s’accroissaient l’un par l’autre. Oswald sut de M. Edgermond qu’il avait été pour la première fois dans le Northumberland l’année dernière, et lui promit de le conduire le soir même chez Corinne. Il arriva le premier pour la prévenir des idées que M. Edgermond avait conçues sur elle,