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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE IV


UNE circonstance imprévue accrut beaucoup le sentiment de respect que le comte d’Erfeuil éprouvait déjà, presqu’à son insçu, pour son compagnon de voyage. La santé de lord Nelvil l’avait contraint de s’arrêter quelques jours à Ancone. Les montagnes et la mer rendent la situation de cette ville très belle, et la foule de Grecs qui travaillent sur le devant des boutiques, assis à la manière orientale, la diversité des costumes des habitans du Levant qu’on rencontre dans les rues, lui donnent un aspect original et intéressant. L’art de la civilisation tend sans cesse à rendre tous les hommes semblables en apparence et presque en réalité ; mais l’esprit et l’imagination se plaisent dans les différences qui caractérisent les nations : les hommes ne se ressemblent entre eux que par l’affectation ou le calcul ; mais tout ce qui est naturel est varié. C’est donc