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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/299

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CORINNE OU L’ITALIE

prête à le séparer de tous les objets de son affection.

Il se ranime et reprend un moment de force, afin que ses dernières paroles servent d’instruction à ses enfans. Il leur dit : Ne vous effrayez point d’assister à la fin prochaine de votre père, de votre ancien ami. C’est par une loi de la nature qu’il quitte avant vous cette terre où il est venu le premier. Il vous montrera du courage ; et pourtant il s’éloigne de vous avec douleur. Il eût souhaité sans doute de vous aider plus long-temps de son expérience, et de faire encore quelques pas avec vous à travers les périls dont votre jeunesse est environnée ; mais la vie n’a point de défense quand il faut descendre au tombeau. Vous irez seuls maintenant, seuls au milieu d’un monde d’où je vais disparaître. Puissiez-vous recueillir avec abondance les biens que la Providence y a semés ; mais n’oubliez jamais que ce monde lui-même est une patrie passagère, et qu’une autre plus durable vous appelle. Nous nous reverrons peut-être ; et quelque part sous les regards de mon Dieu, j’offrirai pour vous en sacrifice et mes vœux et mes larmes. Aimez la religion qui a tant de promesses ; aimez la religion, ce dernier traité