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CORINNE OU L’ITALIE

pâlissait, la couleur abandonnait aussi les lèvres de Corinne, et ses mains tremblaient en lui portant du secours ; mais elle s’efforçait bientôt de se remettre, et souriait, quoique ses yeux fussent remplis de larmes. Quelquefois elle pressait la main d’Oswald sur son cœur, et semblait vouloir ainsi lui donner sa propre vie. Enfin ses soins réussirent, Oswald se guérit.

— Corinne, lui dit-il, lorsqu’elle lui permit de parler, pourquoi M. Edgermond, mon ami, n’a-t-il pas été témoin des jours que vous venez de passer auprès de moi ? il aurait vu que vous n’êtes pas moins bonne qu’admirable ; il aurait vu que la vie domestique se compose avec vous d’enchantemens continuels, et que vous ne différez des autres femmes que pour ajouter à toutes les vertus le prestige de tous les charmes. Non, c’en est trop, il faut faire cesser le combat qui me déchire, ce combat qui vient de me mettre au bord du tombeau. Corinne, tu m’entendras, tu sauras tous mes secrets, toi qui me caches les tiens, et tu prononceras sur notre sort. — Notre sort, répondit Corinne, si vous sentez comme moi, c’est de ne pas nous quitter. Mais m’en croirez-vous quand je vous dirai que jusqu’à présent du moins je n’ai pas osé souhaiter d’être votre épouse. Ce