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CORINNE OU L’ITALIE

fensa en l’affligeant ; il n’aperçut pas qu’un sentiment de délicatesse empêchait Corinne de profiter de l’émotion d’Oswald pour le lier par un serment. Peut-être, d’ailleurs, est-il dans la nature d’un amour profond et vrai de redouter un moment solennel, quelque désiré qu’il soit, et de ne changer qu’en tremblant l’espérance contre le bonheur même. Oswald, loin d’en juger ainsi, se persuada que Corinne, tout en l’aimant, désirait de conserver son indépendance, et qu’elle éloignait attentivement tout ce qui pouvait amener une union indissoluble. Cette pensée lui fit éprouver une irritation douloureuse ; et prenant aussitôt un air froid et contenu, il suivit Corinne dans sa galerie de tableaux, sans prononcer un seul mot. Elle devina bien vite l’impression qu’elle avait produite sur lui. Mais connaissant sa fierté, elle n’osa pas lui dire ce qu’elle avait remarqué ; toutefois en lui montrant ses tableaux, en lui parlant sur des idées générales, elle avait une espérance vague de l’adoucir, qui donnait à sa voix un charme plus touchant, alors même qu’elle ne prononçait que des paroles indifférentes.

Sa galerie était composée de tableaux d’histoire, de tableaux sur des sujets poétiques et religieux, et de paysages. Il n’y en avait point qui