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CORINNE OU L’ITALIE

dont tout le monde parlait, et dont on ne connaissait pas le véritable nom, parurent à lord Nelvil l’une des merveilles du singulier pays qu’il venait voir. Il aurait jugé très-sévèrement une telle femme en Angleterre, mais il n’appliquait à l’Italie aucune des convenances sociales, et le couronnement de Corinne lui inspirait d’avance l’intérêt que ferait naître une aventure de l’Arioste.

Une musique très-belle et très-éclatante précéda l’arrivée de la marche triomphale. Un événement, quel qu’il soit, annoncé par la musique, cause toujours de l’émotion. Un grand nombre de seigneurs romains et quelques étrangers précédaient le char qui conduisait Corinne. C’est le cortège de ses admirateurs, dit un Romain. — Oui, répondit l’autre, elle reçoit l’encens de tout le monde, mais elle n’accorde à personne une préférence décidée ; elle est riche, indépendante ; l’on croit même, et certainement elle en a bien l’air, que c’est une femme d’une illustre naissance, qui ne veut pas être connue. — Quoi qu’il en soit, reprit un troisième, c’est une divinité entourée de nuages. Oswald regarda l’homme qui parlait ainsi, et tout désignait en lui le rang le plus obscur de la société ; mais, dans le midi, l’on se sert si naturellement