Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE II


LE comte d’Erfeuil vint, selon sa coutume, le matin chez lord Nelvil ; et en lui reprochant de n’avoir pas été la veille chez Corinne, il lui dit : — Vous auriez été bien heureux si vous y étiez venu. — Hé pourquoi, reprit Oswald ? — Parce que j’ai acquis hier la certitude que vous l’intéressez vivement. — Encore de la légèreté, interrompit lord Nelvil ! ne savez-vous donc pas que je ne puis ni ne veux en avoir ? — Vous appelez légèreté, dit le comte d’Erfeuil, la promptitude de mes observations ? Ai-je moins de raison, parce que j’ai raison plus vite ? Vous étiez tous faits pour vivre dans cet heureux temps des patriarches, où l’homme avait cinq siècles de vie ; on nous en a retranché au moins quatre, je vous en avertis. — Soit, répondit Oswald ; et ces observations si rapides que vous ont-elles fait découvrir ? — Que Corinne vous aime. Hier je suis arrivé chez