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CORINNE OU L’ITALIE.

lorsqu’elle approcherait, il offrit tout l’argent qu’il portait avec lui, et en promit le double à celui qui se jetterait dans l’eau pour retirer le vieillard. Les Lazzaroni refusèrent, en disant : Nous avons trop peur, il y a trop de danger cela ne se peut pas. En ce moment, le vieillard disparut sous les flots. Oswald n’hésita plus, et s’élança dans la mer, malgré les vagues qui recouvraient sa tête. Il lutta cependant heureusement contre elles, atteignit le vieillard qui périssait un instant plus tard, le saisit et le ramena sur la rive. Mais le froid de l’eau, les efforts violens d’Oswald contre la mer agitée, lui firent tant de mal, qu’au moment où il apportait le vieillard sur la rive, il tomba sans connaissance, et sa pâleur était telle en cet état, qu’on devait croire qu’il n’existait plus[1].

Corinne passait alors, ne pouvant pas se douter de ce qui venait d’arriver. Elle aperçut une grande foule rassemblée, et entendant crier : Il est mort, elle allait s’éloigner, cédant à la terreur que lui inspiraient ces paroles, lorsqu’elle vit un des Anglais qui l’accompagnaient fendre précipitamment la foule. Elle fit quelques pas pour le suivre, et le premier objet qui frappa ses regards ce fut l’habit d’Oswald, qu’il avait laissé sur le rivage en se jetant dans

  1. M. Elliot, ministre d’Angleterre, a sauvé la vie d’un vieillard à Naples, de la même manière que lord Nelvil.