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CORINNE OU L’ITALIE.

ruse de Corinne, il se jeta dans ses bras avec un transport, avec un attendrissement qu’aucun moment de sa vie ne lui avait encore fait éprouver. En vain Corinne le repoussait, en vain elle se livrait à toute son indignation contre Thérésine, Oswald fit signe impérieusement à Thérésine de s’éloigner, et pressant alors Corinne contre son cœur, la couvrant de ses larmes et de ses caresses : — À présent, s’écria-t-il, à présent tu ne mourras pas sans moi, et si le fatal poison coule dans tes veines, du moins, grâces au ciel je l’ai respiré sur ton sein. — Cruel et cher Oswald, dit Corinne, à quel supplice tu me condamnes ! Ô mon Dieu ! puisqu’il ne veut pas vivre sans moi, vous ne permettrez pas que cet ange de lumière périsse ! Non, vous ne le permettrez pas ! — En achevant ces mots, les forces de Corinne l’abandonnèrent. Pendant huit jours elle fut dans le plus grand danger. Au milieu de son délire, elle répétait sans cesse : Qu’on éloigne Oswald de moi ; qu’il ne m’approche pas ; qu’on lui cache ou je suis ! Et quand elle revenait à elle, et qu’elle le reconnaissait, elle lui disait : — Oswald ! Oswald ! vous êtes là : dans la mort comme dans la vie nous serons donc réunis ! — Et lorsqu’elle le voyait pâle, un effroi mortel la saisissait, et elle appelait dans son trou-