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CORINNE OU L’ITALIE.

la stance suivante à l’autre extrémité du canal. La musique très-ancienne de ces stances ressemble au chant d’église, et de près on s’aperçoit de sa monotonie ; mais en plein air, le soir, lorsque les sons se prolongent sur le canal comme les reflets du soleil couchant, et que les vers du Tasse prêtent aussi leurs beautés de sentiment à tout cet ensemble d’images et d’harmonie, il est impossible que ces chants n’inspirent pas une douce mélancolie. Oswald et Corinne se promenaient sur l’eau de longues heures à côté l’un de l’autre, quelquefois ils disaient un mot, plus souvent se tenant la main, ils se livraient en silence aux pensées vagues que font naître la nature et l’amour.