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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE III.


DÈS qu’ils furent ensemble dans la gondole, Corinne, dans son égarement, dit à lord Nelvil : — Hé bien ! ce que vous venez de m’apprendre est mille fois plus cruel que la mort. Soyez généreux ; jetez-moi dans ces flots, pour que j’y perde le sentiment qui me déchire. Oswald, faites-le avec courage, il en faut moins pour cela que vous ne venez d’en montrer. — Si vous dites un mot de plus, répondit Oswald, je vais me précipiter dans le canal à vos yeux. Ecoutez-moi, attendez que nous soyons arrivés chez vous, alors vous prononcerez sur mon sort et sur le votre. Au nom du ciel, calmez-vous. — Il y avait tant de malheur dans l’accent d’Oswald, que Corinne se tut, et seulement elle tremblait avec une telle violence qu’elle put à peine monter les escaliers qui conduisaient à son appartement. Quand elle y fut arrivée, elle arracha sa parure avec effroi. Lord Nelvil, en la voyant dans cet état, elle qui était si brillante il y avait quelques instans, se jeta