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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE VII.


CORINNE retourna chez elle dans un état de douleur qui troublait sa raison, et dès ce moment ses forces furent pour jamais affaiblies. Elle résolut d’écrire à lord Nelvil pour lui apprendre, et son arrivée en Angleterre, et tout ce qu’elle avait souffert depuis qu’elle y était. Elle commença cette lettre d’abord remplie des plus amers reproches, et puis elle la déchira. — Que signifient les reproches en amour, s’écria-t-elle ; ce sentiment serait-il le plus intime, le plus pur, le plus généreux des sentimens, s’il n’était pas en tout involontaire ! Que ferai-je donc avec mes plaintes ? Une autre voix, un autre regard ont le secret de son ame ; tout n’est-il donc pas dit ? — Elle recommença sa lettre, et cette fois elle voulut peindre à lord Nelvil la monotonie qu’il pourrait trouver dans son union avec Lucile. Elle essayait de lui prouver que, sans une parfaite harmonie de l’ame et de l’esprit,