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CORINNE OU L’ITALIE.

si elle était venue en Angleterre, et si elle n’y avait pas vu celui qu’elle venait chercher ? Ces craintes frappèrent tout à coup Oswald ; et il continua ses questions avec une inquiétude extrême. — M. Dickson lui disait toujours que l’inconnue parlait avec une grâce et une élégance qu’il n’avait rencontrées dans aucune autre femme, qu’une expression de bonté céleste se peignait dans ses regards, mais qu’elle semblait languissante et triste. Ce n’était pas la manière accoutumée de Corinne, mais encore une fois, ne pouvait-elle pas être changée par la peine ? — De quelle couleur sont ses yeux et ses cheveux, dit lord Nelvil ? — Du plus beau noir du monde. — Lord Nelvil pâlit. — Est-elle animée en parlant ? — Non, continua M. Dickson ; elle disait quelques paroles de temps en temps pour m’interroger et me répondre ; mais le peu de mots qu’elle prononçait avait beaucoup de charmes. — Il allait continuer, quand lady Edgermond et Lucile rentrèrent : il se tut, et lord Nelvil cessa de le questionner, mais tomba dans la plus profonde rêverie, et sortit pour se promener, jusqu’à ce qu’il pût retrouver M. Dickson seul.

Lady Edgermond, que sa tristesse avait frappée, renvoya Lucile pour demander à M.