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CORINNE OU L’ITALIE.

dans ce qu’il disait les souvenirs de l’Italie, et rabattait assez sèchement l’enthousiasme de lord Nelvil, parce qu’elle pensait que Corinne en était l’unique cause. Dans une autre disposition elle eût recueilli avec soin les paroles de son époux pour étudier tous les moyens de lui plaire.

Lady Edgermond, dont la maladie augmentait les défauts, montrait une antipathie croissante pour tout ce qui sortait de la monotonie et de la règle habituelle de sa vie. Elle voyait du mal à tout, et son imagination, irritée par la souffrance, était importunée de tous les bruits au moral comme au physique. Elle eût voulu réduire l’existence aux moindres frais possibles, peut-être pour ne pas regretter aussi vivement ce qu’elle était prête à quitter, mais comme personne n’avoue le motif personnel de ses opinions, elle les appuyait sur les principes généraux d’une morale exagérée. Elle ne cessait de désenchanter la vie, en faisant un tort des moindres plaisirs, en opposant un devoir à chaque emploi des heures qui pouvait différer un peu de ce qu’on avait fait la veille. Lucile, qui, bien qu’elle fut soumise à sa mère, avait cependant plus d’esprit qu’elle et plus de flexibilité dans le caractère, se serait réunie à son époux pour com-