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CORINNE OU L’ITALIE.

croyant l’obtenir encore. Priez comme moi, priez ; et que nos pensées se rencontrent dans le ciel.

Cependant quand je me sentirai tout-à-fait près de ma fin, peut-être me placerai-je dans quelque lieu pour vous voir passer. Pourquoi ne le ferais-je pas ? Certainement, quand mes yeux se troubleront, quand je ne verrai plus rien au dehors, votre image m’apparaîtra. Si je vous avais revu nouvellement, cette illusion ne serait-elle pas plus distincte ? Les divinités jadis n’étaient jamais présentes à la mort ; je vous éloignerai de la mienne : mais je souhaite qu’un souvenir récent de vos traits puisse encore se retracer dans mon ame défaillante. Oswald, Oswald, qu’est-ce que j’ai dit ? vous voyez ce que je suis quand je m’abandonne à votre souvenir.

Pourquoi Lucile n’a-t-elle pas désiré de me voir ? c’est votre femme, mais c’est aussi ma sœur. J’ai des paroles douces, j’en ai même de généreuses à lui adresser. Et votre fille, pourquoi ne m’a-t-elle pas été amenée ? Je ne dois pas vous voir : mais ce qui vous entoure est ma famille : en suis-je donc rejetée ? Craint-on que la pauvre petite Juliette ne s’attriste en me voyant ? Il est vrai que j’ai l’air