PLUSIEURS jours s’écoulèrent sans qu’Oswald
pût retrouver du calme après l’impression déchirante
que lui avait causée la lettre de Corinne.
Il fuyait la présence de Lucile ; il passait
les heures entières sur le bord de la rivière qui
conduisait à la maison de Corinne, et souvent
il fut tenté de se jeter dans les flots, pour être
au moins porté, quand il ne serait plus, vers
cette demeure dont l’entrée lui était refusée
pendant sa vie. La lettre de Corinne lui apprenait
qu’elle eût désiré de voir sa sœur ; et bien
qu’il s’étonnât de ce souhait, il avait envie de
le satisfaire ; mais comment aborder cette question
auprès de Lucile ? Il apercevait bien qu’elle
était blessée de sa tristesse ; il aurait voulu
qu’elle l’interrogeât, mais il ne pouvait se résoudre
à parler le premier, et Lucile trouvait
toujours le moyen d’amener la conversation sur
des sujets indifférens, de proposer une promenade,
enfin de détourner un entretien qui au-