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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE IV.


PLUSIEURS jours s’écoulèrent sans qu’Oswald pût retrouver du calme après l’impression déchirante que lui avait causée la lettre de Corinne. Il fuyait la présence de Lucile ; il passait les heures entières sur le bord de la rivière qui conduisait à la maison de Corinne, et souvent il fut tenté de se jeter dans les flots, pour être au moins porté, quand il ne serait plus, vers cette demeure dont l’entrée lui était refusée pendant sa vie. La lettre de Corinne lui apprenait qu’elle eût désiré de voir sa sœur ; et bien qu’il s’étonnât de ce souhait, il avait envie de le satisfaire ; mais comment aborder cette question auprès de Lucile ? Il apercevait bien qu’elle était blessée de sa tristesse ; il aurait voulu qu’elle l’interrogeât, mais il ne pouvait se résoudre à parler le premier, et Lucile trouvait toujours le moyen d’amener la conversation sur des sujets indifférens, de proposer une promenade, enfin de détourner un entretien qui au-