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Rivières et Tadoussac, deux petits postes pour la traite des fourrures ; et tout cela perdu sur un continent sans limites, la porte de ces pauvres demeures s’ouvrant sur un désert de huit cents lieues !

Certes, quiconque eût vu le Canada en 1642 eût souri d’incrédulité si on lui eût parlé de sa grandeur future. Quelques colons et quelques cabanes, sont-ce là les prémisses d’une nation ? Et cependant, c’est bien de ces germes humains, si chétifs et si débiles, pauvres graines jetées par le vent du destin dans l’immensité d’un continent, que devait sortir, après deux cents ans de germination et de croissance, la forte nation que nous voyons aujourd’hui prospérer et grandir.

L’impulsion dont la colonie avait besoin, c’est Colbert qui la lui donna, et c’est lui qu’on peut considérer comme le véritable fondateur du Canada.

La politique qu’il suivit mérite d’être exposée avec quelques détails puisqu’elle a été, pour ainsi dire, la cause première des résultats que nous voyons aujourd’hui. Nous étudierons donc successivement les mesures par lesquelles Colbert pourvut au peuplement de


    Ville-Marie. Celui de Mont-Royal ou Montréal lui est antérieur et avait été donné à cet endroit par Cartier lui-même en 1535, bien avant qu’aucun établissement y fût fondé. S’étant rendu au village indien d’Hochelaga, il fut conduit par le chef de ce village au sommet d’une montagne qui était à un quart de lieue de distance. De là il découvrit un pays sans bornes. Enchanté de la vue magnifique qu’il avait devant lui, il donna à cette montagne le nom de Mont-Royal, nom qu’elle a conservé et qui s’est étendu à la ville qui se trouve aujourd’hui à ses pieds.