chaque engagé ; mais souvent la demande était au-dessous de l’offre, et à diverses époques les capitaines demandèrent d’être déchargés de cette obligation, ce qui leur fut accordé plusieurs fois, entre autres en 1706, en 1721 et 1744, à cause des événements de guerre.
Ainsi, grands convois de colons, troupes licenciées, engagés, telle est la triple origine du premier fonds de la population coloniale.
Mais pour qu’elle pût s’accroître, il fallait autre chose, et Colbert prit soin de pourvoir à l’établissement matrimonial de ces émigrants de toute classe.
Par une propagande active, il encouragea l’émigration féminine, comme il avait encouragé l’émigration masculine. Suivant ses ordres, des jeunes filles furent choisies parmi les orphelines de Paris, élevées dans les établissements hospitaliers. Beaucoup d’entre elles sollicitèrent ce choix comme une faveur.
Mais bientôt, sur l’observation du gouverneur que ces jeunes Parisiennes n’étaient pas d’une constitution assez robuste pour résister aux durs travaux de défrichement auxquels devaient s’adonner les colons, d’autres furent recherchées dans les campagnes de la province par les soins des évêques et particulièrement de l’archevêque de Rouen. Pendant plusieurs années on voit ainsi faire voile vers l’Amérique des convois de 150 à 200 jeunes filles, attendues par des fiancés impatients mais inconnus.
Ces mariages, il faut bien l’avouer, étaient traités un peu militairement. On ne laissait pas traîner les