liberté locale qui laissait toute latitude à leur initiative et facilita leur merveilleux développement, les colonies françaises demeurèrent toujours soumise à une étroite sujétion envers leur métropole. Règlements, ordonnances, tout arrivait de France, et c’est du ministère que la colonie était gouvernée. Jamais il ne fut permis aux colons de prendre la moindre part à l’administration de leur propre pays, même dans les affaires qui ne touchaient qu’aux intérêts locaux.
Non seulement les habitants étaient tenus en tutelle, mais le gouverneur général lui-même n’était pas libre de gouverner à sa guise ; c’est à Paris qu’il devait prendre le mot d’ordre, et lorsqu’en 1672 le comte de Frontenac voulut essayer de consulter les Canadiens sur leurs intérêts, et réunit une assemblée qu’il nomma avec un peu d’emphase les États généraux de la colonie, il s’attira, de la part du ministre, une assez sévère réprimande : « II est bon d’observer, lui mandait celui-ci, que comme vous devez toujours suivre dans le gouvernement de ce pays-là les formes qui se pratiquent ici, et que nos rois ont estimé du bien de leur service, depuis longtemps, de ne pas assembler les États généraux de leur royaume, pour, peut-être, anéantir cette forme ancienne, vous ne devez aussi donner que très rarement, pour mieux dire jamais, cette forme au corps des habitants du dit pays[1]. »
- ↑ Lettres et instructions de Colbert (30 juin 1673) au comte de Frontenac. (Correspondance de Colbert, 2e part., t. III, p. 558.)