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VINGT-QUATRE HEURES

monde ; dans ce monde si étranger à mes goûts, à mes pensées, et où je ne vais que pour te préserver des dangers qui me semblent toujours prêts à fondre sur toi ? Veuve, libre, prête à être unie à toi par les liens les plus sacrés, que ces contraintes me sont cruelles ! mais tu me les imposes, j’y consens. Malheur à moi si, trahissant notre secret aux yeux d’un rival dont tu dépends encore, je devenais pour toi un jour la cause d’un regret, la source d’un repentir !… Pourtant, ne me donne pas un fardeau que je ne puisse supporter. Si tu veux qu’on ne nous devine pas, ménage-moi davantage : ne me fais plus surtout trouver avec cette femme ! Il est possible, je le conçois, de cacher l’excès de son bonheur. Cette félicité qui remplit l’âme peut en quelque sorte réagir sur elle-même et s’enivrer de ses propres sensations ; mais cette douleur qui frappe, qui accable ; ces émotions subites et profondes… quel est l’être assez malheureux pour avoir sur lui le triste pouvoir de les dérober à tous les yeux ?

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