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VINGT-QUATRE HEURES

trer toutes au grand jour. Connaissez enfin tout l’excès de ma faiblesse.

Je vous aime, mon ami, plus qu’on n’a jamais aimé ; mais il ne se passe pas une minute de ma vie sans qu’une secrète anxiété ne se mêle à l’enchantement de ma passion. Sommes-nous ensemble dans le monde, le moindre mot que la politesse vous fait dire à une autre femme élève déjà un sombre orage dans mon sein. Si ce n’est pas à moi que vous donnez la main pour passer d’une chambre à l’autre, mes regards inquiets vous suivent dans la foule ; le plus petit hasard qui vous dérobe à ma vue me fait frissonner. Êtes-vous quelque temps sans reparaître, un nuage se répand sur mes yeux ; je n’entends plus, je me soutiens à peine, et je ne reviens à moi que quand le doux son de votre voix a de nouveau frappé mon oreille. Faites-vous l’éloge de la parure de quelque femme, un mouvement involontaire me fait à l’instant jeter les yeux sur la mienne. Son extrême simplicité me consterne, et je vais penser (folle que je suis !) qu’un si misérable avantage peut me dérober une partie de votre tendresse. La liberté de ces jeux dont la société