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D’UNE FEMME SENSIBLE.

suffit-elle pas ? Si, quand il saura tout, ton oncle veut se plaindre, le public ne sera-t-il pas pour nous ? n’est-il pas toujours pour les amants ? Et quand il en serait autrement, devons-nous sacrifier notre bonheur à ces vaines considérations, au prince de R…, à madame de B… ? Mais j’y songe… quel rapprochement !… quel trait de lumière ! Ah !… mon ami !… serait-il possible ?… Oui, oui, voilà le mot de cette cruelle énigme,… de tes prévenances pour cette femme, de ta réserve apparente pour moi. Elle est l’amie intime de ton oncle ; depuis qu’elle est veuve, il est sans cesse chez elle… on parlait même de mariage… Tu auras craint qu’elle ne nous devinât, qu’elle ne lui apprît notre intelligence !… À quoi pensais-je ? Ah ! un homme, si amoureux qu’il soit, a toujours ces raisons d’intérêt devant les yeux ; une femme tendre peut-elle y penser ? Maudit argent, maudite prudence ! il faut donc toujours qu’ils soient les ennemis de l’amour ! Dieux ! comme je me sens soulagée ! comme je respire librement ! comme les cordes de mon âme se détendent ! comme je sens dans tout mon être un calme délicieux succéder à ce