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D’UNE FEMME SENSIBLE.

ah ! mon ami !… une légère rougeur colorait tes joues ; tes beaux cheveux blonds en désordre semblaient environner ton front d’un rayon lumineux. Mon trouble était si grand que je ne sais encore ni ce que tu me dis ni ce que je pus te répondre : mais je revins à moi par l’excès même de mon agitation, en te voyant quitter le siége que tu avais pris d’abord, et te placer si près de moi, que mes vêtements touchaient presque les tiens. La nature a mis en nous des sentiments inexplicables. Cet instant où je compris que j’étais aimée fut peut-être le plus beau de ma vie, et pourtant mon premier mouvement fut de fuir. Tu me retins par ma robe et me fis retomber doucement sur mon siége, où je me trouvai presque dans tes bras. Hors de moi, ivre de joie, de crainte, d’espoir, je crus sans doute cacher une partie de mon trouble en reprenant mon livre, que ma main rencontra par hasard ; mais tout ce que l’on fait dans ces moments d’ivresse pour retarder l’aveu de son amour, semble au contraire servir à le hâter. Aussi agité que moi, t’en souvient-il ? ô Dieu ! tu feignis de vouloir regarder ce que je feignais