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D’UNE FEMME SENSIBLE.

sies, de mes injustices même. Je ne me suis pas cachée à vos yeux ; je ne me suis point parée d’un vain héroïsme ; je vous ai dit cent fois ; Mon ami, prends garde à toi ; ton infidélité me tuerait ; et elle me tuera, je vous le répète ; vous l’apprendrez trop tard. Et s’il est vrai (car vous me l’avez dit aussi quelquefois) que ce qui porte la mort dans mon sein ne serait rien pour une autre femme, qu’est-ce que cela me fait ? La nature m’a faite ainsi ; je ne puis me changer, vous ne l’ignorez pas. De ce qu’une âme est plus sensible qu’une autre, il ne s’ensuit pas qu’on ne doive pas la ménager davantage. L’instinct seul, l’instinct fait proportionner le coup à la force de celui qui le reçoit, et ce ne peut être sans intention que vous avez chargé mon cœur d’un fardeau de désespoir que vous savez bien qu’il ne peut supporter.

Mais je vois tout, je crois tout voir à présent. Que l’amour rend aveugle ! Vous n’aurez pas eu la force de m’annoncer vous-même mon malheur. Les hommes ne sont pas toujours aussi cruels qu’ils le voudraient ; ils appellent cela des procédés. Vous aurez