Page:De Théis - Oeuvres complètes, Tome 3, 1842.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
VINGT-QUATRE HEURES

tai de passer ce seuil fatal, et de suivre cet homme qui nous conduisit en silence jusqu’à la porte de votre appartement. Il fut quelques secondes avant d’en trouver la clef ; il me semblait entendre monter, descendre ; j’étais sur des charbons ardents ; il ouvrit enfin.

Dieux ! comme elles sont profondes les impressions que laissent en nous ces vives émotions de l’âme ! je crois encore entendre le bruit que fit cette porte en s’ouvrant et en se refermant sur moi ; il retentit jusqu’au fond de mon cœur ; il en chassa mes vaines frayeurs. J’étais chez vous… j’étais chez vous !… Toutes mes facultés se réunirent à l’instant sur cette seule pensée, et elle s’empara de moi avec tant de force et de rapidité, que j’en jetai un cri de joie. Je m’aperçus alors que j’étais seule avec Charles : il paraissait épouvanté. Le zèle et la frayeur lui donnaient une sorte d’éloquence qui m’agita un moment. Il me conjurait de retourner sur mes pas, il m’en pressait à genoux ; mais quelle puissance sur la terre eût pu m’y décider ! Je le rassurai ; il se retira, et je fus enfin seule.