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Page:De Théis - Oeuvres complètes, Tome 3, 1842.djvu/85

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VINGT-QUATRE HEURES

de B…, cette lettre que je cherchais, et dont la vue m’a causé la plus terrible révolution que j’aie éprouvée de ma vie. Ah ! je l’avais bien mérité sans doute : ne valait-il donc pas mieux être trompée par vous jusqu’à mon dernier soupir ? Mais ce n’était pas tout ; quoiqu’un tremblement convulsif m’empêchât de rien distinguer, j’avais saisi cette lettre, je la tenais, et j’allais être sûre enfin du plus affreux de mes malheurs, lorsqu’un bruit que j’entendis à la porte me fit tressaillir, et changea l’instant la face de toutes mes pensées. Être surprise chez vous, et dans un pareil moment, me parut une chose horrible. Je fermai le secrétaire avec tant de précipitation que je brisai la clef dans la serrure ; et, me retournant, j’aperçus… grand Dieu ! j’aperçus l’homme que je crains le plus au monde, celui de qui dépend votre sort, votre oncle enfin, le prince de R…, qui sans doute n’ayant trouvé aucun de vos gens que la prudence de Charles avait écartés, avait pénétré jusqu’à moi, et qui me considérait froidement d’un air surpris et railleur.

Quel moment !… pardonne, ami, pardonne, s’il