Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/209

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de sçavoir tous les ans à point-nommé le nombre de ses sujets en general et en particulier, avec toutes les distinctions qui sont parmy eux ? Le nombre et les noms de sa noblesse ; le nombre des ecclesiastiques de toutes especes ; et de tous les gens de robbe ; des marchands, des artisans, manoeuvriers, etc. Le nombre des etrangers, celuy des moynes distinguez par leur ordre ; des religieuses aussi distinguées de même ; de tous les nouveaux convertis, et gens faisans profession d' autres religions que de la catholique, et les lieux de leurs demeures. Quel plaisir n' auroit-il pas d' en voir l' accroissement par sa bonne conduite ; et à même temps quel desir n' auroit-il pas de raccommoder les parties qu' il verroit dans quelque desordre, à l' occasion des guerres ou autrement ?

Ne seroit-ce pas encore un plaisir extrême pour luy, de pouvoir de son cabinet parcourir luy-même en une heure de temps, l' état present et le passé d' un grand royaume dont il est le souverain maître ; et de pouvoir connoître par luy-même avec certitude, en quoy consiste sa grandeur, ses richesses et ses forces ; le bien et le mal de ses sujets, et ce qu' il peut faire pour accroître l' un et remedier à l' autre ?

Mais afin que cette utilité fût permanente et de durée, il seroit necessaire de repeter ces dénombremens toutes les années au moins une fois, à raison des gens qui meurent et qui