Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/216

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leur restera fort peu de chose pour vivre. Et pour peu que cela se repetât plusieurs années de suite, ils en seroient trés-incommodez ; parce qu' il n' y a guéres de païsan qui ne doive à quelqu' autre, et que cet autre étant aussi chargé de son côté, se trouvera dans le même cas, et consequemment obligé à se faire payer, comme sujet aux mêmes incommoditez. Je ne voy donc que les gens aisez et un peu accommodez d' ailleurs, capables de pouvoir soûtenir pour un peu plus de temps le dixiéme. D' où je conclus, qu' afin que tout le monde puisse vivre un peu commodement, il faut soûtenir les impositions le plus prés du vingtiéme qu' il sera possible, et les éloigner tant qu' on pourra du dixiéme, si on veut éviter l' oppression des peuples ; d' autant plus qu' on trouvera amplement de quoy satisfaire au besoin de l' etat, entre ces deux extremitez ; je veux dire entre le dixiéme et le vingtiéme.

Au surplus, je croy qu' il ne sera pas hors de propos de redire encore icy, qu' on peut bien ajoûter quelque chose au systême de la dixme royale, en perfectionnant ce qu' il a de bon, et corrigeant ce qui s' y trouvera de mauvais ; mais on ne doit pas le mêler avec d' autres impositions, quelles qu' elles puissent être, avec lesquelles il est incompatible de sa nature ; parce qu' il ramasse et réünit en soy tout ce dont on peut faire revenu dans le royaume, qui étant une fois dixmé à la rigueur, on ne peut plus y retoucher, sans s' exposer à