Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

culture, elle rendra peu, mais toûjours avec une proportion naturelle à son degré de valeur. Et comme cette maniere de lever la taille et les aydes ensemble, met à couvert le laboureur de la crainte où il est d' être surchargé de taille l' année suivante dans le païs où elle est personnelle, on doit s' attendre que le revenu des terres augmenteroit de prés de moitié, par les soins et la bonne culture que chacun s' efforceroit d' y apporter ; et par consequent les revenus du roy à proportion.

Voila déja le premier défaut de la disproportion heureusement sauvé, d' une maniere qui n' est point sujette au changement de la part des hommes.

Le second, qui comprend les maux qui accompagnent l' exaction, est aussi banni pour jamais par l' établissement de ce systême. Car le laboureur et le païsan ayant payé la dixme royale sur le champ lors de la récolte, comme il fait la dixme ecclesiastique, il ne devra plus rien de ce côté-là, et ainsi il n' apprehendera plus ni les receveurs des tailles, ni les collecteurs, ni les sergens ; et toutes ces animositez et ces haines inveterées qui se perpetuent dans les familles des païsans, à cause des impositions non proportionnées de la taille dont ils se surchargent chacun à leur tour, cesseroient tout d' un coup ; ils deviendroient tous bons amis, n' ayant plus à se plaindre les uns des autres, chacun se pourvoiroit de bétail selon ses facultez ; et comme les passages seroient libres de province à province, et de lieu à autre, parce qu' il n' y auroit