Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/87

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is nous ne croyons pas qu' il faille étendre ce nombre au delà quant à present, à cause des mortalitez, et des grandes desertions arrivées dans le royaume, notamment dans ces dernieres guerres, qui ont beaucoup consommé de peuple. Sur ce pied je compte que cette moitié va à huit millions deux cens cinquante mil ames. Il en faut ôter les deux tiers pour les vieillards, les femmes et les petits enfans, qui ne travaillent que peu ou point.

Il ne restera donc que deux millions sept cens cinquante mil personnes, dont il faut encore ôter les sept cens cinquante mil, pour tenir lieu des laboureurs, vignerons, et autres gens de pareille étoffe qui payent pour la dixme de leur labourage. Reste à faire état de deux millions d' hommes, que je suppose tous manoeuvriers ou simples artisans répandus dans toutes les villes, bourgs et villages du royaume.

Ce que je vais dire de tous ces manoeuvriers, tant en general qu' en particulier, merite une serieuse attention ; car bien que cette partie soit composée de ce qu' on appelle mal à propos la lie du peuple, elle est néanmoins trés-considerable, par le nombre et par les services qu' elle rend à l' etat. Car c' est elle qui fait tous les gros ouvrages des villes et de la campagne, sans quoy ni eux, ni les autres ne pourroient vivre. C' est elle qui fournit tous les soldats et matelots, et tous les valets et servantes ; en un mot, sans elle l' etat ne pourroit subsister.