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vous touchiez au régime & aux moyens politiques qui vous ont préſervés de leur perte depuis cent cinquante ans.

Vous n’ordonnerez point la deſtruction de pays dont les premiers poſſeſſeurs ont conquis les terres par leur courage & leurs ſeuls efforts, que leurs deſcendans ont conſervés par leur prudence & leur ſageſſe ; qu’ils ont cultivés pour vous enrichir & pour donner à votre Royaume une prépondérance que jalouſent en vain vos ennemis.

Vous traiterez au moins les Propriétaires des Colonies comme de fidèles alliés qui ont prodigué, dans tous les temps, leurs fortunes & leurs vies, pour repouſſer les attaques de vos ennemis, lors même que vos Miniſtres avoient la cruauté de les abandonner à toutes les horreurs de la famine, dont ces ennemis ſeuls pouvoient les tirer & les garantir.

L’expérience vous aura appris, Messieurs, que le déſeſpoir mene les peuples à des réſolutions exagérées & preſque toujours contraires à leurs affections les plus cheres. Vous ne le porterez point dans le cœur de vos parens, de vos amis, de vos freres.

Vous n’expoſerez point le Royaume à perdre preſque tout ſon numéraire en moins de dix années.

Vous ne ruinerez point vos Provinces maritimes, les Villes les plus opulentes de votre Royaume.

Vous ne renverſerez point les fortunes des Né-