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les détails, ont codifié la nouvelle tactique, celle du capitaine Gilbert et de ses élèves. En voici quelques passages saillants :

« L’armée française, revenue à ses traditions, n’admet plus dans la conduite des opérations, d’autre loi que l’offensive.

« Un commandant en chef énergique, ayant confiance en soi, en ses subordonnés, en ses troupes, ne laissera jamais à son adversaire la priorité de l’action, sous le prétexte d’attendre des renseignements précis. Il imprimera, dès le début de la guerre un tel caractère de violence et d’acharnement, que l’ennemi, frappé dans son moral et paralysé dans son action, se verra réduit peut-être à rester sur la défensive.

« Chacune des décisions doit venir à son heure, même si les données recueillies jusque-là sur les forces et les dispositions de l’ennemi sont obscures et incomplètes. »

On retrouve des formules presque identiques dans deux conférences du lieutenant-colonel Loyseau de Grandmaison, qui furent faites à l’Ecole de Guerre en 1911 et qui ont été éditées sous ce titre : La notion de sûreté et la conduite des grandes unités. M. de Grandmaison y avait émis comme des principes strictement nécessaires ce qu’on voudrait pouvoir ne considérer que comme des paradoxes. Il avait dit entre autres choses : « La moindre retenue dans l’offensive en détruit toute l’efficacité… Il faudra préjuger, se décider sur des renseignements incertains, risquer et risquer beaucoup. Dans l’offensive, l’imprudence est la meilleure des sûretés… Allons jusqu’à l’excès et ce ne sera peut-être pas assez ! »