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commandait la IIIe armée, avait essayé d’avertir, le 21 août, à la veille de l’attaque de Virton qu’on lui prescrivait. Au commandant Bel, du G. Q. G., qui lui affirmait, le 22, à son poste de commandement de Marville, qu’il n’avait devant lui que le 12e corps et peut-être une ou deux divisions, il répondit — il l’a dit devant la Commission d’Enquête :

« Je vous ai envoyé hier une note dans laquelle j’indiquais qu’il y avait devant moi douze divisions d’infanterie et deux divisions de cavalerie. Mais vous ne lisez jamais les notes qu’on vous envoie ! Vous êtes ignorants comme des carpes de tout ce que l’ennemi a dans le ventre ! »

Comme à Lanrezac, sa franchise lui valut tout juste d’être limogé quelques jours plus tard.

A côté de ces témoignages de généraux français, il est très curieux de lire ceux des généraux allemands. Le livre de Von Falkenhayn a paru depuis un certain temps ; celui de Von Bülow, commandant de la IIe armée (celle de Charleroi), vient de paraître en français ; les traductions de ceux de Von Klück et de Von Hausen, commandants de la Ire et de la IIIe armées, sont annoncées. Dans le livre de Von Bülow, on trouve la preuve de ce fait que les Allemands ne songeaient pas du tout le 21 à attaquer à Charleroi. S’ils ont attaqué, c’est qu’ils se sont rendu compte à ce moment qu’ils n’avaient encore devant eux que des forces très faibles :

« Une offensive au delà de la Sambre n’était pas envisagée pour le 21 août… Je me rendis moi-même le 22 août, à dix heures du matin, à Fleuras, D’après les nouvelles arrivées là jusqu’à midi, on eut l’impression que l’ennemi n’avait encore, au sud de la