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« L’admirable héroïsme de nos soldats a empêché et empêche encore cet échec de se produire. L’héroïsme des uns est arrivé à contrebalancer l’imprévoyance des autres. Je conçois que le monde soit frappé d’admiration pour les premiers, mais j’estime, en même temps, qu’il y a des comptes à régler avec les seconds. »

Ce que disait alors M. Maginot, nous pouvons tous aujourd’hui le dire. Rien, en réalité, n’est changé. L’Allemagne n’a pas désarmé, la France non plus. L’état des choses est pis. Les armements sont infiniment plus considérables qu’en 1914. Nous n’avions, à ce moment, que 500.000 hommes dans les casernes, nous en avons aujourd’hui 800.000 en armes. Nous supportons un budget de la guerre triple de ce qu’il était avant les hostilités. Et tout ceci avec les mêmes hommes à la tête qu’en 1914. Tous ceux qui se sont montrés incapables dans la préparation, incapables dans l’exécution, incapables dans la conclusion, tous ceux-là sont les mêmes qui dirigent encore aujourd’hui :

M. Millerand, l’homme qui a choisi les hommes de l’Etat-major avec M. Messimy, est Président de la République ; M. Briand, l’homme qui a déposé le projet de loi de trois ans ; M. Barthou, l’homme qui la fait voter, sont l’un président du Conseil, l’autre ministre de la Guerre. Le Conseil supérieur de la guerre a été reconstitué, l’année dernière, par M. André Lefèvre, l’homme de l’ « attaque brusquée ». Il compte, dans son sein, le général Berthelot, le principal auteur du plan 17, dont l’unique exploit personnel, pendant la guerre, est la défaite de Crouy, en janvier 1915 ; le général Nivelle, celui qui a subi le plus sanglant échec de toute la guerre, le 16 avril 1917, au Chemin-des--