Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/177

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il est escrit, que Salomon a eu le comble de sagesse, and que Dieu luy en a plus donné, qu'il ne fist iamais à hõme, and neantmoins pour faire esleuer l'esprit des hommes entendus plus hault que la lettre, il dict que la sagesse de Dieu est le fruict que porte l'arbre de Vie. Ce n'est donc pas vn arbre qu'il faut entendre, cõme ceux qui enseigneut la lettre. Or il est aduenu que ces bons Interpretes du sens literal ont fait vn million d'Atheistes, lesquels prenant au pied de la lettre le Serpent qui parle en Genese, vont disant que les bestes parloient le temps iadis, comme vn Mareschal de France disputant auec vn prelat de reputation, apres l'auoir ouy prescher, que Adam pour auoir mangé la pomme, auoit attiré tout le genre humain en eternelle damnation, horsmis vne petite poignee de Chrestiens, voyãt que le prescheur ne le contentoit pas du sens literal, dist qu'on faisoit bien des querelles pour si peu de cas. Or ce blaspheme demeura pour gaige és oreilles des courtisans, qui en ont fait vn Prouerbe, ce qu'on n'eust pas faict, si luy qui entreprenoit d'enseigner les autres eust entédu, and sagement interpreté ce passage: and pour mesme faute Porphyre aux liures qu'il a composé cõtre les Chrestiens, pour auoir pris le sens au pied de la lettre, touchant l'arbre de Science du bien and du mal, and l'arbre portant le fruict de Vie, a retiré vn nombre infiny d'hommes de la vraye religion, pour les absurditez qu'il tiroit de l'histoire literale, and qui cessent, prenant l'interpretation diuine, que Dieu a enseignee à Moyse, and aux Propheres de bouche en bouche, and qu'on void en Philon, Leon, Moyse fils de Maymon, Page 192