Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par vn recueil des indiuidus particuliers, composer les maximes vniuerselles, pour auoir les sciences, and la verite qu'on cherche.G1 Or s'il falloit adiouster foy aux sens tant sculement, la reigle d'Aristote demeureroit fause: car tous les hommes du monde, and les plus clairs, voyans confesseront que le Soleil est plus grand, and les choses qu'on void en l'eau plus petites qu'elles n'apparoissent: Et qu'il est faux que le baston foit rompu en l'eau, lequel apparoist tel à chacun. Aussi l'opinion de Platon and de Democrite faulse, qui ne s'arrestent qu'à l'intellect pour iuger la verité: Car il est impossible que l'homme aueugle puiste iuger des couleurs, ny le sourd des accords. Il faut donc s'arrester à l'opinion de Theophraste, qui a recours au sens commun, qui est moyen entre les sens and l'intellect, and rapporter à la raison comme à la pierre de touche, ce qu'on aura veu, ouy, gousté, and senty. Et d'autant plus qu'il y a des choses si hautes, and si difficiles à comprendre, qu'il n'y a que peu d'hommes qui en soient capables: en ce cas il faut croire chacun en sa science? Tellement que sitout le monde tenoit pour asseuré, que le Soleil and la Lune sont esgaux, comme il se (02) ble quand ils sont opposites au leuant, and au couchant: Si est-ce qu'il faudra tousiours se rapporter aux sages, and expers en la science, qui ont demonstré que le Soleil est plus grand que la terre cent soixante and six fois, and trois huictiesmes d'auantage, and plus grand que la Lune, six mil cinq cens quarante and cinq fois, and sept huictiesmes d'auantage, tout ainsi que les Iurisconsultes se rapportent aux Medecins2 en ce qui touche leur sciéce, and ne veulent rien determiner. Or les secrets des Sorciers ne sont pas si couuerts, que depuis trois mil ans on ne les ait descouuerts par tout le monde. Premierement la loy de Dieu, qui ne peut me (02) tir, les a declarez, and specifiez par le menu, and menassé d'exterminer les peuples qui ne feroient3 punition des Sorciers. Il faut done s'arre ster là, and ne faut pas disputer contre Dieu des choses que nous ignorons: Et neantmoins les Grecs, and les Romains, and autres peuples auant que d'auoir ouy parler de la loy de Dieu, auoient en mesme abomination les Sorciers and leurs actions, and les punissoient à mort, comme nous dirons en son lieu. Bref toutes lessectes du móde, dict S. Augustinont -notes- G1Anabticis, et l. 4. and 6 and 7. Metaph. 2l. 7. de statu hominu (05) l.2.de suis and legit. ff. Auth. de rest. sideicom. and ea quæ parit ximense l. Aediles aiu (05) t de Aedilitie edicto l.1.de ventre inspiciendo. 3Leuit.20.4. li. 13. de Ciui. Dei. Page 22