Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/341

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ouurent les yeux pour se depestrer de tel maistre. Or s'il est ainsi, comme la verité est telle que le Diable ne peut, ou qu'il ne veut enrichir, ne donner les thresors cachez, ny la faueur des personnes, ny la iouïssance des plaisirs, ny la science, ains seulement la vengeance contre les meschans, and non toutesfois contre tous. Quel malheur peut estre plus grand que se rendre esclaue de Sathan pour si peu de recompence en ce mõde, and la damnation eternelle en l'autre? Mais deuant que conclure ce chapitre, ie mettray encores vne histoire memorable de fraische memoire. Il se trouua vn signalé Sorcier à Blois, l'an mil cinq cens septante sept, au mois de Ianuier, qui estoit de Sauoye, and se faisoit nommer le Compte, and neantmoins il n'auoit ne seruiteur ne chambriere. Il presenta requeste au Roy, qui fust renuoyé au priué Conseil, par la quelle il promettoit faire multiplier les fruicts à cent pour vn: (au lieu que la meilleure terre de France ne raporte que douze pour vn) en gressant les semences de certaines huyles qu'il enseigneroit, à la charge que le Roy luy donneroit la disme, and l'autre disme demeureroit au Roy pour estre (comme il disoit) incorporee au domaine inalienable. Il promettoit aussi enseigner l'Arithmetique en peu de temps. I'estois lors à Blois aux Estats: la requeste fut enterinee par le priué Conseil, and lettres patentes expediees aux Parlemens pour estre publiees and enregistrees. I'en ay apporté la copie à Laon, que i'ay communiqué à plusieurs. La Cour de Parlement de Paris n'en fist conte non plus que les autres Parlemens. Mais il failloit, ce me semble, Page 356