Page:De la Houssaye - Les petits soldat.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

contraire, vous direz à Thomas de m’amener mon fils demain aussitôt déjeuner. »

Voilà pourquoi madame Ralph n’éprouva aucune inquiétude en ne voyant pas rentrer le petit garçon. Elle le croyait avec sa mère qui elle, de son côté, était loin de se douter dans quelle triste position la fatale imprudence de son enfant l’avait plongé.

Comme je l’ai dit, Bob était rentré chez sa mère à demi mort de frayeur. Ce n’est que le lendemain qu’il put raconter leur mésaventure.

À cette nouvelle, Catiche prend ses jambes à son cou et se met à courir vers le bayou. Elle aperçoit Gustave de l’autre côté, couché par terre de tout son long. Le malheureux a tant pleuré, tant crié qu’il a fini par s’endormir. Il n’a plus de forces. Catiche le croit mort et se met à crier à son tour ; elle envoie Bob avertir madame Delavaine ; cette dame inquiétée de n’avoir pas rencontré son fils, inquiétée de voir qu’il n’est pas venu la rejoindre, laisse sa cousine qui est mieux du reste, pour venir chercher des nouvelles de son fils. À peine Bob a-t-il dit ce qui était arrivé que la pauvre mère se met à courir, et, guidée par les cris de Catiche, arrive au moment où le jardinier qui s’est procuré un autre esquif a traversé le bayou pour aller chercher le petit naufragé. C’est dans une inquiétude mortelle que debout sur le bord du bayou, madame Delavaine attend le retour du jardinier. En le voyant mettre pied à terre, en apercevant le corps de son fils qu’il porte sur ses épaules, la pauvre mère ne peut deviner s’il est mort ou vivant, elle jette un grand cri et tombe sans connaissance. Catiche qui aime sa maitresse avec idolâtrie, se met à genoux et soulève dans ses bras la tête de cette chère maitresse ; elle lui frotte les tempes avec de l’eau que Bob a tirée du bayou dans son chapeau.

Quand madame Delavaine ouvrit les yeux, Gustave était à côté d’elle ; il pleurait, il couvrait de