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voilés déjà, et, par moments, un frissonnement étrange parcourait tout son corps.

— Pouponne ! appela-t-il, Pouponne ! j’veux voir missié l’curé !

Comment refuser à un mourant la dernière grâce qu’il demande ? Comment parler des dangers de l’orage à celui qui n’a peut-être que quelques heures à vivre ? Elle n’hésita pas.

— Tit Toine, dit elle, lève toi ! y faut que t’ailles chercher l’père Jacques.

— Écoute la pluie et le tonnerre, sœur, dit l’enfant tout effrayé déjà.

— Il le faut, répéta Pouponne. Le père Landry est bien malade et ne veut pas mourir sans recevoir les derniers sacrements. J’irais moi même pour t’éviter c’te corvée, mais j’puis pas abandonner ce pove vieux dans un pareil moment.

Et tout en parlant, la courageuse enfant enveloppait son frère de son châle le plus épais, elle lui attachait son chapeau sur la tête avec une longue écharpe de laine et, lui mettant un parapluie à la main :

— Écoute-moi bien, dit-elle : tu iras d’abord à la cabane des Labauve et tu demanderas à Zozo, de ma part, de