Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/140

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Le prêtre continua : — Ce voyageur m’a dit qu’il avait servi dans le corps de monsieur de Boishébert… qui sait ! il pourra peut-être vous donner des nouvelles.

Le pauvre octogénaire resta un moment muet, pris d’un tremblement pénible que sembla partager celle qui le soutenait, un bras passé sous sa tête vénérable.

Balthazar était entré et, trop ému pour saluer, s’était assis près de la cheminée, le dos soigneusement tourné du côté de ceux qui étaient dans la chambre.

Êtes-vous Américain, monsieur ? demanda le père Landry d’une voix faible.

— Non, monsieur, je suis Acadien, répondit le jeune homme sans se retourner.

— Ah !… Et, y a t’y longtemps qu’vous avez quitté l’pays ?

— Près d’une année.

Souvent le père Landry s’était dit et avait dit à Pouponne que si Balthazar était vivant, il devait être à l’armée… or, son cœur battait à la pensée que peut-être cet étranger avait rencontré son fils et qu’il pourrait lui