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vers de ses paupières à demi fermées, tandis que Pouponne sanglottait. Le curé, assis au pied du lit, pleurait comme un enfant. Le père Landry les regarda l’un après l’autre, et arrêtant ses yeux sur l’étranger :

— Ah ! j’comprends tout ! dit-il… j’vois pleurer l’père Jacques… m’a p’tite fille, alle pleure aussi… vous, vous détournez la tête de nous… j’sais ben, allez qu’y en a ben peu qui reviennent d’la guerre… Vous étiez son camarade ? et j’devine que c’est lui qui vous a envoyé dire à son père comment ce qu’il est mort !… Allons ma fille, ajouta-t-il en passant sa main ridée sur les cheveux de Pouponne, ne pleure pas comme ça… tu sais ben que nous nous attendions à sa mort… vois comme j’suis tranquille, et pourtant, j’étions son père !

— Mais monsieur dit Balthazar sans changer de position, mon capitaine n’est pas mort.

Un double cri lui répondit : — Pas mort ! s’écrièrent en même temps le vieillard et sa fille.

Depuis un moment, quelque chose d’inexplicable s’opérait en Pouponne : ses yeux ne quittaient point l’étranger