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Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/15

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à Saint-Jacques, elle assista à une scène que nous raconterons plus tard et qui ne put lui inspirer que de l’horreur pour les femmes capables de se servir d’un langage aussi sale, aussi vulgaire que celui qu’elle avait entendu.

En vain son mari chercha-t-il à la ramener à de meilleurs sentiments, en lui racontant les malheurs des infortunés exilés, en vain Placide se moqua-t-il de ses scrupules, et s’amusa-t-il à imiter en sa présence les manières et le langage des Cadiennes, Charlotte ne voulait rien entendre et se sauvait dès qu’on lui annonçait qu’une Acadienne était en bas et offrait à vendre des œufs ou des poulets.

Mais bonne et généreuse, comme nous la connaissons, disons bien vite que la jeune femme faisait acheter tous les poulets et tous les œufs, et que jamais, elle n’avait refusé les secours que ses voisines sollicitaient rarement, avouons le : car si l’Acadien est grossier et vulgaire, sachons bien, qu’au fond de l’âme, il a toute la fierté de l’aristocratie.

Ainsi que je l’ai dit, les Acadiens qui venaient de se fixer sur les bords