Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/162

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et lui permettre de se mettre à votre recherche, mon père.

— Balthazar ! répéta le père Landry qui semblait avoir oublié où il se trouvait ; Non ! Balthazar n’a jamais fait ça… on vous a trompé ! ce n’est pas mon enfant, mon dernier né qui se serait déshonoré par une pareille lâcheté ! par un parjure !… Il est jeune, lui… il est soldat… il peut se battre… et vous voulez me faire croire qu’il s’est fait Anglais !… Non ! Non ! ces choses là, ça n’est pas dans l’sang des Landry !

— C’est avec la rage dans le cœur qu’il y a consenti, reprit Balthazar, on ne lui laissait pas d’autre alternative pour sortir de sa prison et venir à vous.

— Mais il aurait dû rester dans sa prison ! y mourir s’il le fallait… s’écria le vieillard avec une exaltation sauvage qui ressemblait à la folie. Il aurait dû savoir ce que les Anglais ont fait aux siens… Il a vu sa famille éparpillée sur le chemin de la proscription et son vieux père, à quatre vingt dix ans se trouver seul, dénué de tout comme un mendiant, et n’avoir pour soutien que cet ange dont la