Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/168

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peignait que trop l’état où s’était abimée l’âme de ce malheureux.

— C’est bien ! criait-il avec une sorte de rage et le doigt étendu vers des êtres imaginaires. C’est bien, mon Dieu ! c’est juste !… et je remercie ! oh ! monstres ! c’est bien vous que je vois : Lawrence… Murray… Winslow… Butler… Je vous vois au milieu de ce feu ardent où vous ont poussés les démons… Regardez les !… Écoutez les ! oh ! que la vue de leurs tortures me fait de bien… avec quels frémissements de joie j’entends leurs cris d’agonie !… Ils demandent à boire, et les démons leur offrent pour les rassasier les larmes de leurs victimes. Buvez monstres ! l’éternité ne vous rassasiera pas ! Il y a là des mères, de jeunes enfants, des vieillards… ils vous arrêtent quand vous passez… tous vous déchirent le visage de leurs ongles, vous arrachent les cheveux et vous crient dans leurs voix étranglées par le désespoir que vous avez excité :

— « Rendez-nous nos enfants ! rendez-nous nos pères, nos mères, nos champs, nos églises que vous avez pillées…