Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/170

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penchant à son oreille, lui dit doucement :

— Père Landry, il faut mourir sans haine, il faut pardonner.

— Pardonner ! s’écria-t-il en sortant soudainement de son épuisement comme par l’effet d’un puissant réactif, et dans son excitation, trouvant la force de se soulever à demi.

— Pardonner aux Anglais ! oh ! cela est impossible ! mon père ! Ils ont chassé les miens dans les bois et sur les mers… ils les ont jetés en pâture aux poissons… ils ont mêlé leurs cendres à toutes les terres étrangères … ils ont voulu les vendre comme esclaves, les enfermer dans les mines de la Pennsylvanie… ils les ont forcés à prendre un serment déshonorant… Et quand ces maudits sont heureux et triomphants, vous voulez que je leur pardonne ! Non ! je le répète : jamais ! jamais !

— Dieu le veut, mon frère.

— Soyez sûr que Dieu ne leur pardonnera pas, lui…

— Quand il était sur le Calvaire, il a pardonné aux Juifs.

— Oui, répondit le mourant, mais il