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triarche le plus âgé de la colonie, et ce patriarche était le père Landry. Quelques uns des jeunes gens témoignaient leur sympathie et leur respect à la famille du défunt en se soumettant à cette coutume.

Ce bruit du canon excita une petite scène touchante que je ne puis résister au plaisir de raconter. Trop vieille et trop faible pour se mêler aux funérailles de son vieil ami, l’aïeule des Labauve s’était traînée sur la galerie pour voir passer l’enterrement. En entendant le canon, elle se tourna vers son fils :

— Ah ! Gustin, dit-elle, l’père Landry mort, j’sommes à c’t’heure la plus vieille du campement. Dis aux gars qu’y faut pas qu’y gaspillent leur poudre, car y zen auront ben vite besoin pour faire chanter leur canon sur le cercueil à la mère Labauve.

Balthazar et Pouponne marchaient à côté de la bière ; sur leurs visages pâles et tristes, on distinguait un sentiment plus calme, plus doux, plus résigné qu’on ne voit d’ordinaire chez les personnes frappées d’un pareil deuil. Derrière eux venaient tous les habitants de la petite Cadie.