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Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/19

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III.

— Ah ! madame, répondit-il, depuis notre naissance, nous nous étions habitués à considérer le roi de France comme notre seul souverain, et, tout-à-coup, on a voulu nous forcer à jurer obéissance au roi George d’Angleterre. Et, comme Charlotte le regardait avec des yeux étonnés, il continua :

— Oui, pour nous forcer à ce serment par lequel les Acadiens s’engageaient à porter les armes contre la France, à ce serment que nous étions bien résolus à ne point prêter, nous fûmes bientôt l’objet de toutes sortes de persécutions. Les Anglais nous considéraient comme ennemis et ne se gênaient point pour nous traiter comme tels.

« Un jour, une proclamation parut sur les murs de Grand Pré dont j’étais le pasteur : voici quelle en était la teneur :

« Aux habitants du district de Grand Pré, des Mines, de la rivière aux Canards, tant vieillards que jeunes gens et adolescents : — Son Excellence, le gouverneur, nous ayant fait connaître sa dernière ré-