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affirmant qu’il n’avait jamais dit un mot d’amour à Tit’Mine.

— J’avoue que j’ai dansé avec elle, ajouta-t-il, que je l’ai accompagnée plusieurs fois au bal… Par pitié pour sa misère, je lui ai fait quelques légers cadeaux… voilà tout !

— Eh bien ! croyez-moi, dit Charlotte, restez-en là, n’allez pas plus loin, car cette terrible Térencine pourrait vous faire un mauvais parti et peut-être maltraiter sa fille.

VIII.

Le lendemain, selon la promesse qu’elle avait faite au père Jacques, Charlotte se mit en route de bonne heure, emportant dans sa voiture un panier rempli de provisions destinées au père Landry. Peu de femmes étaient douées d’une âme aussi délicate que mon aïeule : elle devinait la peine ou l’humiliation qu’elle pouvait imposer, et faisait tout pour l’éviter. Ainsi, elle se dit que, si elle allait tout droit chez Pouponne, celle-ci pourrait deviner que le curé avait parlé d’elle et souffrirait peut-être de cette indiscrétion. En conséquence, elle fit ar-