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longue chemise, arrivait, tout hors d’haleine en poursuivant une truie qui ne voulait pas entrer au bercail, malgré les coups de fouet dont l’assaillait le fils de la Zozo et les hus ! et les hos ! qu’il poussait de toutes ses forces. En l’entendant, la vieille grand’mère, toujours debout sur la galerie, lui cria sans se déranger :

— Est-ce qué c’est toi, Baptiste ?

— Oui grand’mère, répondit-il.

— Eh ! dis-donc, continua-t-elle, est-ce qué t’a trouvé la chione et ses pt’its ? (la truie et ses petits.)

— Oui, grand’mère, répondit encore l’enfant, stont y là.

Zozo éleva les mains au ciel avec un geste d’horreur.

— Oh ! madame, s’écria-t-elle, excusez c’t’enfant ! j’vous en prie ! Ça parle français comme un Barbarin.

Et, se retournant vers son fils :

— Sacré Bambara ! dit-elle, est ce que tu n’pourrais pas ben leur dire : Y stont-là, grand’mère ?

Et l’enfant de répéter ; — Y stont là, grand’mère.

Ce fut en riant jusqu’aux larmes que Charlotte raconta cette scène à son mari et à Placide.